Les Pensées Précieuses- Ibn Al-Jawzî - Edition Tawbah

Ibn Al Jawzi dit : "Comme les pensées passent sur des choses qui leur apparaissent puis disparaissent, il est indispensable de les retenir afin de ne pas les oublier, et le Prophète a dit : "Consignez la science par écrit". Que de pensées me sont venues, que je n'ai pas pu fixer, et qui ont fui en me laissant dans le regret ! J'ai remarqué qu'à chaque fois que j'ouvre l'oeil de la reflexion, lui apparaissent des merveilles inespérées de l'invisible. S'amoncellent ensuite devant lui des dunes de compréhension qu'il n'est pas permis de négliger. Ainsi j'ai fait de ce livre un filet destiné à la chasse aux pensées furtives (Sayd Al-Kathir)."

Ibn kathir nous montre à quel voyage merveilleux, dans les profondeurs de la pensée et de la sagesse, nous convie Ibn Al-Jawzi, lorsqu'il dit : "Il était unique dans l'exhortation, sans précédent ni égal, dans son style, son éloquence, la suavité des ses propos, l'élégance de leur enchâssement, l'efficacité de son exhortation, son immersion dans les sens profonds, et son exposé clair des choses étranges en des termes concis, facilement compréhensibles, car il réunissait des sens nombreux en peu de mots. il déclamait spontanément prose et poésie, et en un mot il était un enseignant unique dans l'art de l'exhortation et bien d'autres."

Un livre unique, d'une sagesse et éloquence rares, dont la renommée n'est pas usurpée, et qui, sans nul doute, bouleversera celui qui s'y plonge.

Extrait du livre : 

" 173- les conséquences de la négligence

La vie a considérablement augmenté à Bagdad au début de l’année 575. Chaque fois que l’orge arrivait, son prix montait et les habitants se battaient pour acheter à manger. Ceux qui, chaque année, prenaient leurs dispositions en semant ce qu’ils consommaient se réjouirent, ainsi que ceux qui s’étaient hâtés, au début du mois d’avril d’acheter des provisions avant que les prix n’augmentent. Les pauvres sortirent tout ce qu’ils avaient chez eux pour le jeter au marché aux puces, et la bassesse d’âmes, jusqu’alors estimées apparut.

Je me dis : « ô âme ! Tire une leçon de cette situation : celui qui accomplit une œuvre pieuse s’en réjouira lorsqu’il en aura besoin, de même que celui qui aura une réponse lorsqu’on l’interrogera. Malheur au négligent qui n’a pas réfléchi aux conséquences ! Prends conscience de cela, car toi-même tu as fait prendre conscience à des gens en ce bas monde de la condition dans l’au-delà ! Hâte-toi vers la saison de la moisson tant que l’âme est encore dans le corps. L’existence tout entière n’est qu’automne avant que n’arrive l’avril des moissons, et tu n’auras rien semé ! Et le besoin qu’ont les pauvres de leurs biens leur interdit de faire l’aumône.

       174- la crainte d’Allah est la porte du salut

J’ai médité sur une situation qui m’a inquiété et qui est qu’un homme peut agir de la meilleur manière vis-à-vis de son épouse, alors qu’elle ne l’aime pas, de même envers un ami qui le déteste, il peut aussi chercher à se rapprocher par tout moyen du gouverneur sans pour autant qu’il ne le préfère à d’autres. Il reste alors perplexe et dit : « quelle est la solution ? » j’ai craint que ce ne soit mon cas vis-à-vis du Créateur () : je me rapproche de lui, mais lui ne me veut pas, et il a pu m’écrire  parmi les malheureux depuis l’éternité. C’est  également ce qu’a craint Al-Hasan lorsqu’il dit : « je crains qu’il n’ait vu un de mes péchés et qu’il n’ait dit : je ne te pardonnerai pas ! » Ne restent alors que de souci et a crainte, en espérant que l’embarcation de l’espoir soit préservée en arrivant au rivage de tout affaissement de falaise."